4) Est ce que le nombre de pales influe sur la production d'energie?
La limite de Betz est une loi physique qui indique que la puissance théorique maximale développée par un capteur éolien est égale à 16/27 de la puissance incidente du vent qui traverse l'éolienne.
On a vu que la limite de conversion de puissance du vent vers la puissance mécanique du rotor est théoriquement limitée à 16/27, soit 59 %, par l'approche de Betz. Par rapport à ce cas idéal, il existe une série d'imperfections qui empêchent d'atteindre cette limite. En d'autres termes, on a une série de pertes qui réduisent l'efficacité aérodynamique de l'éolienne :
- Mise en rotation du sillage : Le vent avant de rencontrer l'éolienne ne possède pas de mouvement de rotation prononcé et cohérent. Du moins, c'est le cas s'il ne rencontre pas d'obstacles majeurs en amont de l'éolienne. Une fois que l'air est passé dans le rotor de l'éolienne, il en ressort avec une vitesse de rotation générale dans le sens opposé à celui du rotor. Cette vitesse de rotation qui n'existait pas au départ correspond à une certaine quantité d'énergie cinétique qui n'a pas pu être convertie pas l'éolienne. Il s'agit d'une première source de pertes.
- Trainée des profils de l'aile : Lorsque l'on place une aile face au vent, il génère une force sur cette aile. C'est l'effet escompté. Cette force peut se décomposer en partie. Une force dite de portance qui est perpendiculaire à la direction du vent en aval de l'aile et une composante dite de trainée qui est parallèle à cette vitesse de vent. Dans le cas d'un avion, c'est la portance qui permet de vaincre la gravité et permet ainsi à l'avion de voler. La trainée freine l'avion, car cette force est opposée à la direction dans laquelle l'avion progresse. Pour permettre à l'avion de conserver cette vitesse, les moteurs de l'avion donnent la force nécessaire pour vaincre cette force de trainée. Dans le cas d'une éolienne, on retrouve la même idée. Néanmoins, il faut alors tenir compte à la fois de la vitesse du vent, mais aussi de la vitesse de rotation de l'éolienne. Le problème est un peu plus complexe. Tout cela pris en compte, on se rend compte que c'est la portance des pâles de l'éolienne qui exerce une force utile dans le sens de rotation de l'éolienne. La trainée des pâles, par contre, a tendance à freiner la progression de ces pâles. C'est une deuxième source de pertes parce qu'une partie de l'énergie du vent sert à freiner l'éolienne. Fort heureusement, une aile d'éolienne est conçue pour avoir la trainée la plus faible possible pour une portance donnée. En gros, il s'agit d'une question de spécialistes dans la mesure où il s'agit de travailler sur l'aérodynamique de l'aile.
- Nombre limité de pales : Le nombre de pales d'une éolienne est limité pour des questions de poids et de prix. Le rendement idéal considéré plus haut faisait l'hypothèse d'un nombre très important de pales. Dans la réalité, ce nombre ne sera jamais atteint. Cette limitation est source d'une troisième forme de pertes. D'un point de vue physique, ces pertes sont générées par la trainée induite. La trainée induite est d'autant plus faible que la portance est faible et le rapport entre envergure et corde moyenne de l'aile est important. Ainsi, une aile qui a une grande envergure par rapport à la corde aura une trainée plus faible. On peut s'en convaincre en comparant les ailes d'un planeur à celle d'un avion traditionnel : les ailes du planeur sont beaucoup plus allongées pour limiter la trainée, ce qui est souhaitable étant donné qu'il n'a pas de moteur. C'est une des raisons qui expliquent pourquoi une éolienne a des ailes allongées.

Lambda = tip-speed ratio (TSR) = u/V = n.2*pi*R/V,
avec :
La théorie confirmée par la pratique montre que les pertes sont minimisées pour un TSR donné. En d'autres termes, pour chaque vitesse de vent, il existe une vitesse de rotation qui maximise le rendement aérodynamique de l'éolienne, c'est-à-dire la quantité d'énergie du vent transférée au rotor. On peut s'en rendre compte sur base du la figure ci-dessus,

Au regard de la courbe ci-dessus, qui reprend l'évolution du rendement aérodynamique en fonction du nombre de pale pour un modèle donné, on voit que plus le nombre de pales est important, plus le rapport optimal de vitesse en bout de pale est faible.
On peut conclure cette section en faisant une description des différentes courbes caractéristiques de rendement aérodynamique pour chaque grand modèle d'éolienne. De manière générale, on voit que les éoliennes basées sur la portance, c'est-à-dire les éoliennes à axe horizontal ou à axe vertical de type Darrieus, ont un rendement aérodynamique supérieur aux éoliennes basées sur la trainée (typiquement, le rotor Savonius). L'influence du nombre de pales sur le rendement est aussi représentée. Si la vitesse de rotation diminue, il faut un couple aérodynamique plus important pour une même puissance mécanique. C'est pourquoi les éoliennes qui cherchent à produire du travail mécanique, notamment pour des applications de pompage, ont un nombre de pales important (illustré ci-dessous par l'éolienne américaine). Actuellement, les éoliennes de type Darrieus ont un rendement un peu supérieur à celui présenté dans le graphe ci-dessous.
